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Nada surf : Lucky

samedi 9 février 2008

Le nouvel album de Nada Surf s’appelle "Lucky" : sarcastique, de la part d’un groupe poursuivi par la poisse, alors que ses pop-songs excitées et radieuses devraient enchanter les charts.

Grâce à l’éternelle allure d’adolescents relax arborée par ses trois musiciens, Nada Surf a longtemps été considéré comme un groupe de petits jeunes en éternel devenir. Mais c’est oublier que le groupe s’est formé en 1992, que son chanteur, Matthew Caws, vient de fêter ses 40 ans, et qu’il totalise aujourd’hui cinq albums, dont le tout nouveau Lucky. Nada Surf est passé, sans que personne ne s’en rende vraiment compte, d’espoir indie-rock à force incontournable bien installée dans le paysage musical.

Le trio fait partie de cette génération de musiciens rock, avec Weezer et Fountains Of Wayne, à avoir tenu bon à la fin des années 90, quand rock et power-pop n’étaient guère à la mode. Un “vieux groupe” aujourd’hui influent et référence de toute une flopée de jeunes artistes qui font les beaux jours des blogs musicaux. Parrain involontaire de Girls In Hawaii ou Death Cab For Cutie, Nada Surf fait le lien entre les générations.

Mais Daniel Lorca (bassiste) et Matthew Caws assument avec sagesse (et dans un français parfait) leur âge : “C’est cool d’être un vieux groupe, d’être là depuis longtemps. C’est toujours un peu un rêve. On se sent toujours jeunes, dans le bon sens du terme. C’est-à-dire que, quand on fait un bon concert, c’est fabuleux et toujours frais, mais on se rend compte que l’expérience, c’est bien aussi. On ne se prend plus la tête avec des questions de business – il n’y en a plus tellement aujourd’hui, parce qu’on est dans une situation plutôt confortable. On est là où on a toujours rêvé d’être : moyennement connus, un petit peu respectés, avec un public qui connaît nos chansons.”

Ce qui n’a pas été sans mal. Passé leur tube Popular, en 1992, qui les a propulsés sur le devant de la scène tout en les reléguant vite fait dans la catégorie des one hit wonder – donc des losers –, Nada Surf n’a jamais été hype. Mais le groupe a su survivre à diverses embrouilles de maisons de disques. Tiraillé entre les majors réclamant des singles et ses propres velléités d’indépendance (“On voulait signer avec Matador, mais ils ne voulaient pas de nous !”), Nada Surf est sorti des zones de turbulence et a continué à faire ce qu’il aimait, se concentrant sur les tournées et le songwriting, avec passion et philosophie. Leur troisième album Let Go et le single Inside of Love, puis The Weight Is a Gift en 2005 leur ont apporté l’amitié fidèle d’une nouvelle base de fans.

Lucky, dans la droite et solide lignée des deux albums précédents, est un disque dense et ardent dès son premier morceau, See These Bones, cinq majestueuses minutes de tension dramatique, de crescendo de cordes et de chœurs. Ballades (Beautiful Beat ; The Film Did Not Go ‘round) et pop-songs (I Like What You Say ; From Now on…). lui succèdent, toujours portées par la voix fervente de Matthew Caws. Les mélodies sont puissantes, égayées ou obscurcies au fil des morceaux par les guitares en demi-teintes, et rehaussées de chœurs, harmonies, violons et même une trompette (Ice on the Wing).

Nada Surf est très à l’aise avec son songwriting, et ça s’entend : “Une chose qui me procure beaucoup plus de plaisir qu’avant, c’est les harmonies. Avant, je trouvais ça un peu intimidant, je ne savais pas comment on faisait. Et puis c’est venu naturellement. C’était une bonne surprise. Arriver à faire quelque chose de dense, des accords compliqués par accident, sans être jazzman (rires)… On est plus sûrs de nous maintenant”, explique le chanteur.

Pourtant, ne contredisant pas leur look adolescent, les paroles parfois sombres (See These Bones) montrent un groupe souvent doux-amer, qui n’en a pas fini avec la recherche de l’absolu et les tourments, en perpétuel questionnement. “Si j’entends une chanson et que j’ai l’impression que la personne qui chante n’a pas souffert, je n’ai pas confiance. On ne peut pas avoir une perspective mélancolique sans avoir souffert un petit peu”, conclut-il.

www.nadasurf.com

Source : Les inrocks

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