Music Best

La chaine musicale

Accueil > Médias > The Rakes : Ten New Messages

The Rakes : Ten New Messages

vendredi 23 mars 2007

Dix nouvelles perles

Quand il s’agit de former un groupe de rock, tout commence souvent par un nom. On boit quelques bières entre copains dans un bistrot quelconque, au détour d’une tournée on se dit qu’on va former un groupe parce que de toute façon la vie c’est de la merde et y’a rien à faire dans ce pays à la con. L’ambiance monte, les pils valsent, les esprits s’échauffent puis le premier plan d’action concret s’échafaude : on va se trouver un nom ! Et comme c’est dans l’air du temps (ça l’était en 1980, donc c’est forcément in), on va prendre un truc en the. Certains font dans le référentiel (un titre de Siouxie & The Banshees pour The Rapture, le premier nom du Velvet Underground chez les Warlocks), d’autres plus simplement dans le descriptif (The Organ, instrument omniprésent dans ledit groupe). D’autres encore font dans les banalités circulatoires (The White Stripes, Klaxons), tandis que les vrais rockeurs font carrément dans le credo de vie assumé (The Libertines). Puis certains font dans la finesse (les multiples sens du mot stroke), alors que d’autres beaucoup moins (The Killers, ouais, vous êtes les meilleurs les gars !). Puis, ceux qu’au final on préfèrera, font dans la dérision décalée. Avec The Rakes, on est servi : l’anglophile averti vous rappellera l’expression « as thin as rake », maigre comme un clou. Tout un programme...

Sur scène, le groupe est à l’avenant de son patronyme : tout en dérision. On se rappelle Alan Donohoe, débarquant l’an dernier sur la main stage de Benicassim à 4h du matin et remerciant les têtes d’affiche Depeche Mode, Placebo et dEUS, programmées plus tôt dans la soirée, d’avoir assuré leur première partie ! Evidemment sur cette base, on ne peut qu’adhérer.

Bien sûr, le premier album avait déçu. Trop de brûlots punkisant mal fagotés venaient se mêler aux excellents singles (les puissants 22 Grand Job et Work Work Work) et aux agréables surprises (l’électronique Binary Love, l’obsédant Open Book). Pourtant, le cœur et les tripes pleins d’un espoir secret, on attendait impatiemment ce nouvel album. Pour une fois, les « petits comiques décharnés » allaient-ils triompher des « belles et grandes gueules conquérantes » (la bande des 3 K : Kaiser Chiefs, Kasabian et autres Killers) ? Aussi, les déclarations loufoques de Donohoe entretenaient-elles l’espoir chez le fan confiant ou tout au moins leur inestimable sens de la dérision chez l’indécis...

Dès la première écoute de cette plaque, on se dit que, finalement, il avait sans doute raison, le Donohoe : cette fois les Rakes éclatent toutes leurs barrières. Leur rock est toujours tendu comme un élastique prêt à vous éclater à la figure, mais se veut désormais carré et résolument pop dans ses meilleurs moments (le majestueux single We Danced Together et son implacable formule Gang of Four rencontre la pop nineties). Et à chaque moment où l’on sent l’impasse se profiler au détour d’un riff hédoniste mais un brin longuet, une surprise surgit et sauve la mise (le xylophone de Trouble, l’audacieux rap de Suspicious Eyes). Puis, comme lors de ces journées ensoleillées où seule une bonne nouvelle peut succéder à une autre bonne nouvelle, cette fois la voix de fausset de Dononoe assure. Non que l’homme parte dans des vocalises dignes de Freddie Mercury (pas vraiment le genre de la maison...). Juste qu’à certains moments (sur Little Superstitions par exemple...), ça chevrote et c’est tout simplement beau et touchant comme lorsque Julian Casablancas pousse un peu trop loin la chansonnette avec ses Strokes. Visiblement le travail de fond des deux producteurs expérimentés engagés pour cet album paie. Jim Abiss (croisé chez Arctic Monkeys, Placebo & Kasabian) assure un sans faute (sur les titres cités ci-dessus) et on ne blâmera pas Brendan Lynch (au curriculum non moins prestigieux : Paul Weller, Primal Scream, Ocean Colour Scene) pour sa production un cran en dessous, ne fut-ce que pour le fantastique When Tom Cruise Cries.

N’en déplaise à leurs pairs plus radiophoniques, avec ce second essai, les Rakes enfilent dix perles dignes de ce nom et tiennent enfin leur véritable réussite discographique. Un sérieux prétendant à l’album rock de l’année.

We Danced Together

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions’inscriremot de passe oublié ?