Music Best

La chaine musicale

Accueil > Médias > Nelson et Stuck in the Sound en interview croisée sur lesinrocks.com

Nelson et Stuck in the Sound en interview croisée sur lesinrocks.com

vendredi 1er décembre 2006

Avec pour chacun un premier album des plus réussis, les parisiens de Nelson et de Stuck In The Sound se devaient de se rencontrer pour discuter chiffons et… musiques. C’est chose faite sur lesinrocks.com cette semaine, avec des clips, des MP3 et bientôt des mixes exclusifs pour découvrir leurs univers.

14 novembre 2006 : on a rendez-vous avec deux Stuck (José et Emmanuel) et deux Nelson (JB et Greg) à 13H30, horaire crépusculaire pour nos quatre hommes en noir qui rentrent d’une tournée… des grands ducs parisiens. Au lieu d’un déjeuner, ce sont donc cinq cafés allongés qu’on commande dans un troquet du coin des Halles. Ce petit remontant vite avalé, les paroles fusent dans la bonne humeur.

Nelson et Stuck in the Sound ne sont pas des siamois. Si l’on s’en tient aux morceaux de Revolving Doors et de Nevermind the Living Dead, tout sépare ces frères d’armes. En dehors de la coïncidence que représente la sortie de leurs deux premiers albums respectifs, on a voulu permettre aux intéressés de comparer leurs parcours eux-mêmes et de raconter ce qu’ils se passent de vivifiant actuellement à Paris et en France. Parce qu’ils sont tout sauf de vulgaires clones à la mode anglaise, qu’ils écrivent des morceaux bagarreurs, accrocheurs et à la séduction retorse, et qu’ils se méfient déjà de l’appellation « scène parisienne », trop endogamique, on souhaite avec tout le chauvinisme du monde qu’à terme Nelson et Stuck fassent d’abord plier les lois sur les quotas radiophoniques et qu’ils finissent par s’exporter sans mal. Mais c’est trop demander à deux jeunes groupes pour l’heure. On se contentera donc de les laisser raconter leur histoire. Décryptage.

En guise de sons et lumières pour accompagner cette interview, découvrez pour Stuck In The Sound, le titre I travelled the world en version live (MP3 à télécharger) et écoutez Toy Boy (streaming). Pour Nelson, regardez le clip d’I say you can’t strop et celui de The (over) song.

Dés vendredi, retrouvez ici même deux mixes réalisés par chacun des groupes, qui présente en écoute leurs goûts et leurs influences…

Pouvez-vous vous présenter ?

Emmanuel (Stuck) : Je joue de la guitare dans Stuck. Je suis du XIe arrondissement parisien et j’y vis toujours.
JB (Nelson) : Je suis bassiste et l’une des voix de Nelson. Je viens de Paris aussi.
Greg (Nelson) : Je viens de Salon-de-Provence. Je vis à Paris depuis quelques années. Je joue de la guitare, des claviers, et je chante dans Nelson.
José (Stuck) : (Il prend l’accent portugais pour se présenter) : Je m’appelle José Reis Fontao, je viens du Portugal (rires). Je suis né en 1982 à Paris, XIVe. Je suis resté toute mon adolescence à Fontenay-sous-Bois dans le 94.
Greg : C’est quoi ton numéro de Sécu (rires) ?

Quels ont été les premiers endroits où vous avez répété et joué ?

JB : Je crois que la première répèt, c’était à la Luna Rossa à Paris.
Greg : On répétait aux studios Sainte-Marthe, vers Belleville, à raison d’une répèt par semaine, et après on a durci le rythme.
José : On a commencé dans une cave, Porte de Montreuil. On n’a jamais vu le jour.
Emmanuel : C’était une cave où il n’y avait pas de fenêtre, mais il y avait tous les vétérans du punk des années 80.
José : D’ailleurs le premier concert de Stuck c’était devant des punks déchirés, vieillis, avec des veines saillantes. Ça a donné un super concert. Les gars pogotaient comme dans les années 80 !
JB : Nos quatre premiers concerts ont dû être au Bar 3 à Odéon. Dans Nelson, chacun faisait tourner le bar (au bar, à la prog, au son…).

Avant vous, y a-t-il d’autres groupes de rock indé parisiens qui cherchaient à se faire connaître par la scène ?

JB : Il y a une scène de groupes parisiens indé qui s’accroche depuis les années 90. Ils sont toujours là, et ils sont assez aigris d’ailleurs.
Emmanuel : Avant, c’était vraiment indé. Il n’y avait pas l’engouement des médias, ni de lieux pour jouer. Il y a toujours eu des réseaux metal, des réseaux punk.
JB : Pendant toutes ces années, on a l’impression qu’il ne s’est rien passé à Paris, or le réseau des banlieusards est devenu vraiment important. C’est de là que vient Stuck ou Underground Railroad qui a bougé en Angleterre. A Paris, il y avait trois pauvres bars pour jouer.
José : L’engouement pour la scène parisienne est parti du Bar 3. En 2004, il n’y avait encore rien à Paris. Avant, Stuck jouait partout sauf à Paris. Il n’y avait pas la Flèche d’Or, tout au plus quelques péniches.
JB : En fait, ça manquait d’endroits fédérateurs. Tout n’a pas commencé au Bar 3, mais c’est là que tout a convergé.
José : Ça aurait pu devenir un endroit d’affichage et de compétition, mais finalement c’est au Bar 3 qu’un paquet de groupes se sont rencontrés. Il y a toujours eu une émulation.
JB : C’est aussi là qu’est né Loaded (découvrez le site www.areyouloaded.com – ndlr), dans un esprit de collectif. Les soirées Loaded à La Maroquinerie, à la Flèche d’Or… ont fait beaucoup pour nous.

En dehors des machines médiatiques ou des festivals, qui vous a aidé à vous faire connaître ?

José : Ce sont les réseaux associatifs. Stuck était sur une compile d’une asso du 77 qui nous a permis de tourner. L’asso nous a beaucoup soutenu. Ensuite il y a La Flèche d’Or et Loaded. On leur doit une fière chandelle.
JB : La Flèche d’Or et son programmateur Sergeï sont arrivés au moment où on fermait le Bar 3. Tout d’un coup, on avait un lieu portes ouvertes, à la programmation pointue. On savait où on devait jouer. C’est à ce moment que les clubs comme Le Baron et le Paris Paris ont ouvert et que les groupes ont commencé à se faire un peu de blé. Ce sont des lieux liés à l’argent. Il y a des gens de la mode, des éditeurs. L’exposition médiatique offerte dans ces endroits est bonne à prendre quand on commence.

Avez-vous démarché pour signer sur une maison de disque, ou avez-vous été approchés ?

Greg : Dans les deux cas, il y a eu une démarche personnelle d’enregistrement. Nelson a financé son premier maxi, en licence chez Diamond Traxx. Un groupe français qui chante en anglais, vu le climat actuel, ce n’était pas gagné.
JB : Le tout n’est pas de signer des groupes et de sortir un disque mais de développer des groupes avec une prétention plus internationale que ce qu’on a fait pour l’instant en France. Niveau développement, les Hush Puppies c’est l’exemple à suivre.
José : C’est le seul groupe de scène à être parti de rien et à avoir fait un parcours sain et efficace. Ils ont fait une centaine de dates sur l’année. Sans les éclater, ce groupe a ouvert les portes. Il en faut d’autres derrière pour les enfoncer.
JB : Il y a deux manières d’être crédible en France quand tu chantes en Anglais : la première c’est la scène, la seconde c’est d’avoir un retour de vague de l’étranger (Etats-Unis, Angleterre, Japon…), c’est ça qui mettra une claque à la France. Phœnix en est encore à galérer en France aujourd’hui.
José : Le but c’est de montrer « au reste du monde » que les Français, ou tout du moins notre génération, a baigné dans la culture anglo-saxonne et est décomplexée. On chante en anglais, mais on se fout de la notion de nationalité et de langue maternelle quand il s’agit de chanter. L’anglais c’est naturel chez nous.
Emmanuel : Pour la France, chanter en anglais est supposé être un risque alors qu’en toute logique ça devrait être plus porteur à l’étranger. Pour nous, ce n’est pas un risque puisque c’est notre culture musicale. Si les Hollandais et les Norvégiens qui chantent en Anglais parviennent à s’exporter, il n’y a pas de raison que les Français n’y parviennent pas.
JB : Les lois sur les quotas radio font que n’importe quel morceau chanté en français, que ce soit par Françoise Hardy ou Placebo, fait partie des bons quotas alors que si Phoenix fait un morceau an anglais, ça ne fait pas partie des mêmes. Du coup, tu as moins de subventions, moins de passages radios.

Quel est le retour des pays anglo-saxons ?

José : Stuck a fait moins de concerts en Angleterre que Nelson mais les deux groupes ont fait affiche commune à Londres et le public se moquait de savoir si on était Français ou Chinois. C’est la musique qu’ils prennent. Le problème de la France, c’est qu’avant d’écouter la musique, il faut qu’elle place une origine derrière.
Emmanuel : En Angleterre, Nous étions crispés avant de jouer. En fait les Anglais ne nous sont pas hostiles du tout. Le challenge c’est de faire une tournée intégrale en Angleterre pour juger.
José : On va d’abord tourner chez nous dans un premier temps pour éduquer le public français qui est prêt à entendre du rock. Ensuite on aura quelques dates stratégiques Nelson / Stuck en Europe. Et après les festival d’été 2007, il devrait y avoir une tournée en Allemagne, au Japon, en Angleterre… Mais le Japon que Nelson connaît bien c’est facile. Nous on va jouer à Nashville, Tennessee !
JB : Alors là Nelson est jaloux !

Quels ont été les retombées pour Stuck In The Sound après avoir fini deuxième au concours CQFD 2005 ?

José : Quand Stuck a été sélectionné au CQFD, le changement a été radical. On a halluciné du nombre de groupes qui sont venus nous voir, du nombre de meufs qui ont plaqué leurs mecs en écoutant Toy Boy et du nombre d’homos qui ont pensé que c’était un hymne gay. Sans ça, on aurait mis beaucoup plus de temps. Après CQFD, on nous a proposés les premières parties de groupes internationaux comme The Organ, The Kooks… on a fait Rock en Seine. Mais on n’écoutait pas ces groupes, juste les standards des années 90 comme Pixies ou Sonic Youth.
JB : C’est là qu’il y a un monde entre Stuck et Nelson. Nous c’est plutôt Low, Liars, Dominique A qui soigne énormément sa production.
José : Le principal point commun entre Stuck et Nelson c’est d’être des rats de studio.
Greg : Notre porte d’accès à Dominique A c’est la production d’un album comme Remué. Après, on se laisse embarquer par les climats, les textes, et l’ambiguïté entre chanson française et rock. L’Horizon est le disque qu’on a le plus écouté pendant l’enregistrement de Revolving Doors.
José : Nelson me semble capable de se mettre d’accord sur le même disque alors que dans Stuck, on arrive chacun avec des goûts différents.
JB : Chez Nelson les disques ou les livres tournent en studio.

Avez-vous eu tout le temps nécessaire pour enregistrer ?

José : Oui. On a fait partie des groupes chanceux. L’album a mis un an au lieu de six mois parce que le disque dur a crashé, du coup, on a dû tout reprendre à zéro.
JB : On n’avait pas de limite de temps mais on l’a enregistré dans un studio démentiel dans le sud de la France en deux semaines cet été. Ensuite, on l’a mixé en quatorze jours à Paris et masterisé en une journée. On s’est fixé une limite de temps pour se débloquer.
JB : Les deux albums répondent à deux choix de productions différents. Nous avons choisis les prises rapides.
Emmanuel : Stuck a quasiment passé deux ans sur Nevermind…. On s’est juste pressé d’achever sur les deux derniers mois, et on ressent cette urgence au final.

Qui vous influence ?

JB : Avec la mondialisation de la musique, on arrive à tout écouter quand on veut. On se sent proches de TV On The Radio, les groupes cold wave ou Liars, Animal Collective mais on ne peut pas dire qu’il y ait une ressemblance avec Nelson. Personnellement j’aime beaucoup Experience et Diabologum.
José : On réfléchit par titre et non par œuvre. On fait des titres accrocheurs, mais qui doivent être déstructurés. Moi je trouve que Katerine ça le fait.
Emmanuel : Les groupes français que j’écoute sont ceux avec qui on tourne comme Eldia, Neïmo, Nelson, Sourya et Hopper dont on se sent très proche dans l’intention.
José : J’admire vraiment les compos d’Eldia.

Est-il dangereux de parler de « scène parisienne » ?

JB : Dire « scène parisienne » est dangereux, mais ça passe à l’étranger.
José : Moi je dis attention au clan. Mais symboliquement, il faut rester unis pour ne pas se laisser prendre au jeu du business.
Greg : Ça peut être un argument de vente à l’étranger. Il y a eu un papier sur la scène parisienne dans Dazed & Confused parce que c’est du pré-emballé pour un média étranger.
JB : L’avantage c’est que Paris est une capitale qui ne te bouffe pas autant que Londres. Si nous sommes des groupes privilégiés aujourd’hui, c’est parce qu’on s’est battu, pas parce qu’on est né avec une cuillère d’argent dans le cul.
José : Il faut des « cojones » ! Bordeaux a aussi une scène impressionnante par exemple. Les mecs ont la rage. Aujourd’hui, il ne faut pas se prostituer mais avoir des singles solides.
Emmanuel : Et sans donner dans la mode pour la mode, être en synchronie avec l’air du temps.

- www.nelsonrock.com
- www.stuckinthesound.com

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions’inscriremot de passe oublié ?