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The Departure bien barré

lundi 13 juin 2005

Ce qui est bien dans The Departure outre ce nom raturé, c’est la voix ­ plus exactement l’accent, à couper au couteau. Aussi, la charge de la brigade légère guitaristique ­ non moins tranchée. Galvanisant à la Hoggboy chic-plouc de Sheffield, l’outsider smart de Northampton, trou saxon léché par la Nene, renvoie aux meilleurs jours spleenétiques des peignées à Brighton entre mods, froggies et rockers.

Côté composition, et mise en scène de l’album disons, si pour un Arms Around Me tubesque ou Changing Pilots imparable, tels Lump in My Throat amélodique ou Talking Show ska-funk prématuré marquent le pas, les flambées d’accords emportent tout.

Ce sont ces feux de guitare de la Saint-Jean, notamment au finale, qui, couplés à la voix fish & chips intemporelle, emballent le morceau. Merseybeat galvanisé au western-surf, cela relève au fond du rockabilly ; soit Be My Enemy, thème crâne, 1958 revu 2005.

Le tout célèbre une pure anglicité, distinguant le pub rock saisonnier de Departure, nouvel entrant au club du revival 80 (Interpol-Bloc Party...). A cet égard, le titre 4, scandant « Put your arms around me/Let’s go out tonight » avec la pose dramatique requise, est édifiant ; on ne fait plus Cure, et pour autant le titre se démarque fièrement, à l’instar de tout le CD. Le vrai référent du fleuron du Northamptonshire (Angleterre centre) serait en fait Psychedelic Furs, groupe heroic new wave, dont, poudré de Menswear, l’attitudesque Departure serait une actualisation provinciale ultrasnob.

L’un dans l’autre en tout cas, voilà peut-être ce qu’on a vu de plus nerveux et griffé depuis Franz Ferdinand. Guitares rétros lâchant du riff d’attaque à la Smoke (Move, La’s...), vibrato rhythm’n’blues prolo, production brillant par son austérité, enchaînements et gimmicks carrossés : The Departure prend le sien en force.

Aucun doute n’est laissé par ce premier contact, en onze refrains Parlophone accrocheurs (mixage : Alan Moulder), sur l’efficience du groupe, sinon son avenir. Même au look, ces cinq néo-Furs marquent méchamment bien.

Le « lion » du lot (le chanteur David Jones ­ comme Bowie), téléphobe devant l’éternel, évoque un PJ Proby mâtiné de Beau Brummels ou Michael Lonsdale jeune. A l’affût, un Mark Whalberg/Kevin Bacon (Sam Harvey, guitariste à états d’âme jazz) ; Ron Wood, c’est Ben Winton le bassiste ; et Lol Tolhurst, Lee Irons, l’autre guitariste, partisan, comme tout Departure, de la claustration créatrice.

Le répertoire maison, ludique, est clinquant à plaisir, comme les crins corbeau, notamment ceux du batteur Andy Hobson ; lignes mélodiques et breaks loubards paradent avec des airs Drifters rectifiés Wire. Quand la composition fléchirait, les guitares en question, charnelles, redécollent en Changing Pilots ; ou bien un All Mapped Out claque des mains à point.

Au total, c’est le vin de jeunesse de l’entreprise, vingtenaire, (tous 22 ans) qui parle. Et David, le porte-voix né coiffé, qui répond de tout.

The Departure ?

Moi et Ben avions agité pas mal de noms de groupe. Jusqu’au soir où, au téléphone, The Departure s’est présenté alors que nous réfléchissions à un son absolument démarqué, qui efface tous les autres. Ce nom de The Departure est aussi né en rapport avec le fait d’être natifs d’une si petite ville, si rayés de la carte.

Vos références musicales ?

Comme tout le monde, nous procédons de multiples influences. Mais notre groupe s’accorde sur Depeche Mode, The Cure et Suede ; des groupes dotés d’une sonorité et d’un répertoire remarquables.

Le style Departure ?

Un son qui se caractérise par l’imbrication de lignes mélodiques et rythmiques de guitares saisissant l’attention et étoffant le chant. Nous considérant comme quintessentiellement british, nous manifestons cela à travers notre petite chanson sombre et tendue. Nous tâchons d’insuffler aux airs du disque ardeur et passion juvéniles.

Comment ça marche ? Par exemple Only Human ?

Cette chanson est née dans ma chambre. J’ai trouvé le chant et la mélodie à la guitare, j’ai enregistré cela sur huit pistes, et l’ai passé à Sam, qui a écrit l’essentiel des accords des couplets et du refrain. De là, Ben a ajouté sa ligne de basse pour charpenter l’arrangement. A ce stade, on a tout repris en répétition et ajouté à la chanson batterie puis guitare d’accompagnement.

Northampton ?

Northampton est un trou, qui manque de la vie musicale de Leeds ou Manchester ­ mais ce que nous avons pu en dire a été déformé hors contexte. Il y a quand même de bons groupes locaux ­ mais sans esprit de corps ; ce qui nous a poussés à sortir à tout prix du lot.

The Departure et la sape : dandysme ?

Notre musique est soignée, et il est juste que notre mise tende à s’assortir strictement à cette couleur sonore. J’ai personnellement été marqué par David Bowie, Gary Numan, Brett Anderson ­ et nombre d’autres vedettes ayant su se donner une touche.

Le titre du disque, Dirty Words : c’est-à-dire ?

Je veux dire que chacun a son versant sombre, et que les textes de l’album concrétisent ce que j’ai derrière la tête sans oser jamais rien en lâcher dans la conversation. Les paroles du disque sont mes « gros mots ».

Vous vous appellerez The Arrival, un jour ?

Rien de prévu en ce sens ; tout dépendra des ventes...

Votre horizon ?

Nous avons conçu l’album avec ferveur, en espérant que les gens y entrent réellement, pour en retirer une impression sentie de ce que nous avons de spécial.

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