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Coldplay, ni chaud ni froid

mercredi 15 juin 2005

Pop. Troisième CD et concert parisien pour le groupe anglais à succès.

C’est l’histoire de jeunes gens de l’époque, à la révolte polie, qui cachent leur dévorante ambition sous un masque d’humilité. Ils écrivent des chansons intimistes aux refrains bâtis pour les stades, qui mouillent les yeux d’autres jeunes gens un peu tristes, frissonnant à l’écoute de ces chagrins universels. Amour, mort, déception.

C’est l’histoire de Coldplay, groupe anglais descendu à Paris en jet privé, début avril, avant de filer à Amsterdam, puis en Allemagne. Ils sont là pour dispenser quelques anecdotes concernant leur nouvel album, X & Y, qui sort lundi. Comme : « On a mis dix-huit mois à l’enregistrer ; au début, les morceaux n’avaient aucune chair, on aurait dit de bonnes chansons jouées par quelqu’un auditionnant pour Pop Star. »

Tapis moelleux. Finalement composé de treize morceaux frémissants, portés par la voix haut perchée du chanteur Chris Martin, X & Y déroule un tapis moelleux d’airs faciles, parfois entêtants, rarement brillants. Il y a le lot de ballades (What If), le quota d’hymnes épiques (Square One). On pense à Radiohead bien sûr, à U2 (la ligne de basse de Low calquée sur celle de New Year’s Day).

Le groupe cite aussi « Bowie, Pixies, The Pogues, New Order, Kraftwerk [dont ils ont repris la mélodie de Computer Love, dans Talk]... » On apprend que ces airs à guitare, ces étendards pour radios jeunes traitent « de questions auxquelles il est impossible de répondre, d’où le titre X & Y, l’équation mathématique ». On s’entretient avec le batteur Will Champion et la star du groupe, Chris Martin, pas encore trente ans, mais très grand, avec une bouche un peu tordue et la gaucherie d’un ancien adolescent complexé. Ils sont aimables, légèrement moqueurs, trop beaux parleurs.

Formé de quatre ex-copains de lycée, Coldplay est né au coeur des années 90, après le deuil impossible de Nirvana. En deux albums, Parachutes (2000) et A Rush of Blood to the Head (2002), qui se sont écoulés à environ 20 millions d’exemplaires dans le monde, le groupe s’est bâti un royaume de mélancolie commerciale. Ce troisième disque pourrait leur assurer le couronnement planétaire. Le 22 avril par exemple, en seulement vingt-quatre heures, le premier single Speed of Sound est devenu numéro un des ventes dans les quinze magasins de musique en ligne iTunes de par le monde (France, Etats-Unis, Grande-Bretagne, etc.).

La maison de disques, EMI, pas très vaillante à l’image de toute l’industrie musicale, espère sauver sa saison grâce à eux. L’an dernier, alors que Coldplay lambinait entre différents studios ­ Los Angeles, Londres, Chicago, Liverpool ­, EMI a même offert au groupe une prime de 8 millions de livres (12 millions d’euros) si l’album était fini avant Noël. « On a préféré continuer à peaufiner. La vie est trop courte, on ne pouvait pas se permettre de livrer un album médiocre », dit Chris Martin.

Contre-courant. Enfant de la middle-class anglaise, mère prof et père expert-comptable, Chris Martin a nagé, dès ses débuts musicaux, à contre-courant de l’orgueil, voire de la vantardise couramment affichée du milieu. Il présentait profil bas, révélant avoir été vierge jusqu’à 22 ans, n’aimer ni l’alcool ni la drogue, semblait quasiment honteux d’avoir si peu d’histoires à raconter. Lorsqu’ils ont été nommés au Mercury Prize en 2000, Alan McGee, éminent fondateur du label Creation, écrivit dans le Guardian que Coldplay était composé de petits garçons qui faisaient encore pipi au lit.

Honnêteté. Aujourd’hui, Chris Martin a grandi, épousé l’actrice américaine Gwyneth Paltrow, eu une fille avec elle (prénom Apple). Il a ses entrées à Hollywood, fréquente ce rock’n roll circus qui l’intimidait tant. En possède-t-il les mots de passe ? Sûrement, vu ses réponses : « Ce sont des gens comme tout le monde, et moi je suis comme tout le monde. Aujourd’hui, on a pris un jet privé, mais hier à Londres, j’étais dans le bus », affirme-t-il. On s’ennuie un peu avec eux, comme à l’écoute du disque. En sont-ils contents ? Oui, même s’il fallut qu’ils s’enferment dans « un endroit minuscule, bières et clopes écrasées par terre, sans assistant ni manager ni producteur », pour retrouver quelque flamme.

Juste après, alors que Chris Martin nous explique que « l’essentiel est d’être honnête », on se dit justement que non, qu’on préférera toujours les Pete Doherty, les mauvais garçons ou les filles tordues, les albums bancals et les concerts bizarres, à ces types sains, qui font du surf et militent pour le commerce équitable.

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