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Blur, le retour

dimanche 19 juillet 2009

Après six ans d’absence, une série de concerts marquaient récemment le retour de Blur et les retrouvailles entre Damon Albarn et Graham Coxon : groupe en forme olympique, médaille d’or.

"Les esprits s’encrassent lorsqu’on s’approche de la trentaine", chantait Damon Albarn sur la bien-nommée End of a Century, à une époque qui annonçait aussi un proche changement de millénaire. Albarn a aujourd’hui 40 ans passés, des ridules autour des yeux- un regard dont on se demandera d’ailleurs à plusieurs reprises s’il n’a pas flirté avec le bistouri- et derrière lui deux décennies marquées par plus de rebondissements qu’il n’en faut pour écrire un film de Bollywood.

Reflet fascinant des contradictions d’Albarn, Blur aura ainsi, en vingt-ans de carrière, pillé l’héritage anglo-saxon (Kinks, Specials, Madness) pour ensuite mieux bouder l’Angleterre, dénigré l’Amérique grunge de Nirvana pour plus tard chiper à Sonic Youth et Pavement leurs plus brillantes idées, brandi l’Union Jack au point d’incarner le mouvement britpop à travers l’hémisphère nord, pour dès lors préférer, aux puces de Camden Lock, les clubs de Bamako, aux grands raouts britanniques les déserts du Maghreb – Think Tank, dernier album du groupe à ce jour, avait été enregistré au Maroc. En d’autres termes, là où Oasis ressert la même bouse en boite depuis dix ans, Blur prône l’ouverture, et on sourira de voir la brochette de groupes indie rock dramatiquement anglo-centrés (Kaiser Chiefs, Hard-Fi etc) se revendiquer héritiers légitimes.

Dans la lignée logique de ces rebondissements, le groupe, en congés depuis six ans malgré la riche fécondité de ses membres en solo (Gorillaz ou The Good The Bad and The Queen pour Albarn, le label Transcopic et une série de disques en solitaire pour Coxon, le nouveau groupe Bad Lieutenant avec les ex-membres de New Order pour Alex James...), créait l’événement il y a quelques mois en annonçant une tournée anglaise. La série de concerts, qui allait surtout marquer le retour au sein de Blur du guitariste Graham Coxon, évincé pour des problèmes d’alcoolisme au début du millénaire, passerait par les quatre coins stratégiques du Royaume, de Glastonbury à Manchester ou Londres, avec même un concert en forme de retour au bled donné dans le musée ferroviaire de Colchester, ville d’enfance d’Albarn et Coxon.

Une douzaine de concerts au total, attendus par les fans comme la Coupe des Mousquetaires par Roger Federer, et tous complets en quelques minutes. Or on passera finalement assez vite sur les retrouvailles de Blur et son public londonien : malgré une prestation généreuse et impeccable (deux heures de set et un concert en forme de gros best-of), le caractère impersonnel de Hyde Park (scène trop grande, festivaliers trop nombreux, son trop faible) donna surtout aux concerts de la capitale anglaise des allures de grosse célébration estivale. Or la lumière divine, pour Blur, est venue de l’amphithéâtre antique des Nuits de Fourvières.

Perchée sur les hauteurs de Lyon, l’arène, qui rappelle forcément quelques formidables concerts donnés par Radiohead à Nîmes ou Vaison la Romaine, se fit ainsi, deux jours après Londres, le théâtre magique de la renaissance du groupe. Au cadre froid d’Hyde Park, les Nuits de Fourvières opposent un décor onirique (végétation luxuriante, coucher de soleil, vieilles pierres), qu’il faut rejoindre via un funiculaire-on se surprend même à penser au Live at Pompeii de Pink Floyd. L’environnement, idéal tant au niveau esthétique que sur le plan strictement technique (son parfait, lumières somptueuses), permet à Blur d’aller piocher dans son vaste catalogue et d’enchaîner près de trente morceaux de toutes époques confondues- ironique quand on se souvient qu’il en avait fait une overdose, le groupe joue quasiment l’intégralité de Parklife. Des quelques classiques de Modern Life is Rubbish (les exemplaires Chemical World et For Tomorrow, l’inattendu Oily Water) aux moins formatés Trimm Trabb ou Death of a Party, en passant par une quantité faramineuse de tubes (Parklife, Tender, Girls & Boys, Beetlebum, This is a Low ou encore une version fulgurante de Country House), Blur a ce soir-là rappelé combien son éclectisme avait manqué au paysage indé anglo-saxon, redessinant dans la même toile l’opéra de Kurt Weil, l’énergie des Buzzcocks et le songwriting de Ray Davies.

Cerise sur un gâteau à faire pleurer de jalousie le voisin Paul Bocuse, la soirée s’acheva sur un final incroyable, lors duquel les centaines de personnes debout dans les gradins, électrifiées par deux heures de set et un rappel faisant se succéder des petites bombes punk à faire danser la tectonique à un cul-de-jatte (Popscene, Advert et Song 2), décidèrent, au rythme des riffs assassins d’un Graham Coxon en forme olympique, d’envoyer valdinguer en l’air les coussins gonflables qu’on leur avait gentiment donnés à l’entrée. Le tableau, évoquant la rencontre entre les prestations psychotropes de Flaming Lips et les Féria de Bayonne, laissa le groupe aussi ahuri et béat que son public. Que Blur se souvienne de cette image pour en dessiner de plus belles encore : l’annonce d’un nouvel album, bien que peu probable, aurait aujourd’hui plus de valeur que la tirelire de Bernard Madoff.

Messages

  • Une merveille, un régal, un retour en enfance. 2 heures de bonheur et d’énergie, un Damon Albarn incroyablement jeune et en forme, même si "sa voix était un peu fatiguée suite à Hyde Park"... Tu parles ! on est près à l’écouter en forme alors ! Et le public : une tuerie ! on sautait tous comme des fous, ambiance exceptionnelle... Merci les nuits de fourvière, ça nous rend fier d’être lyonnais (plus que le foot...)

  • Gros concert de Blur en effet, une énergie et une fraîcheur à faire passer le retour des pixies pour une escroquerie sans nom(je les ai vu 4 fois à cette période ). Mais je trouve un peu facile de tirer encore une fois sur Oasis .Je les ai vu à Vienne en juin dernier et c’était un très bon concert. Si la situation avait été inversé, on aurait le même genre de connerie dites sur Blur. Pour revenir à l’essentiel, cela été un concert d’une rare qualité. La classe merci Blur

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