Placebo se fait une bonne cure d’antidépresseur

Brian Molko s’est longtemps plu à incarner une décadence rock sophistiquée et androgyne, en bon descendant post-grunge du David Bowie glam-rock. Du nom de son groupe à celui de l’album précédent (Meds), les substances diverses faisaient partie de leur univers. Et si les textes sombres n’en faisaient pas vraiment l’apologie, elles entretenaient une fascination pour les dérives de la nuit.

Le bien nommé Battle for the Sun, 6e disque en 13 ans, retrace son combat (et celui du bassiste suédois Stefan Olsdal) pour voir la lumière du jour autrement qu’avec une gueule de bois. Bien sûr, il y a un auto-apitoiement un peu forcé dans un morceau comme For What It’s Worth qui insiste sur les dommages des « mauvaises habitudes ». Mais cette « rédemption » se fait dans un flamboiement de titres parmi leurs meilleurs.

La frappe de mule du jeune batteur américain Steve Forrest a revivifié ses plus matures camarades. Surtout, le groupe affiche un son plus dur et plus riche, moins calibré pour les radios pop-rock jeunistes.

Sur certains titres, Dave Bottrill (qui a produit Tool) a su donner aux guitares de Brian une attaque uppercut que ne renierait pas Queens of the Stone Age. Et une section de cuivres bienvenue vient colorer certains morceaux d’une allégresse plus ou moins ironique. Ainsi, Kings of Medicine démarre en folk quasi-acoustique et s’achève avec fanfares tonitruantes.

Plusieurs chansons restent trop fidèles aux formules éprouvées. Mais il faut leur reconnaître des accroches pop impeccables (Ashtray Heart), même si on préfère les aventures plus mélancoliques de Battle for the Sun ou l’attaque conquérante de For What It’s Worth. Paradoxalement, c’est en disant renoncer au rock’n roll « lifestyle » que Placebo regagne sa crédibilité.

Source : Ouest france