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Nirvana : Lumière noire

mercredi 1er avril 2009

Pour marquer les quinze ans de la mort de Cobain, réédition d’un coffret pour fans hardcore de Nirvana : des caves de Seattle au toit du monde.

Mishima écrivait en astiquant lui-même son gun que “La mort violente c’est l’ultime beauté, surtout quand on est jeune”. Il oubliait juste d’évoquer son hideux pendant, l’exploitation mercantile d’icelle, qui déboule à chaque anniversaire les bras chargés de best-ofs. Le cas est un peu différent ici puisque With The Lights Out d’abord paru en 2004 est plus un assemblage d’inédits qu’une compile de plus. Sur la pochette du coffret, le trio looké en lycéens aux marches du bal de promo. Blanc, propre et lisse : même de loin, ce n’est pas le souvenir que l’on gardait de Nirvana.

Mais une fois dénouée la cravate, le groupe s’y dévoile dans tout son spectre, recensant sur cette titanesque rétrospective enfin sauvée du blocus de Courtney Love tout ce qui pouvait se balader en face B ou demo. Ne négligeant ni de gratter les fonds de tiroirs, ni d’aller voir sous les tapis si le teen spirit y gît : depuis le festival de la démo de l’ère Fecal Matter en 85 aux différentes prises d’un même titre. Et si les histoires Kurt sont les meilleures, pas de ça ici où plus de soixante morceaux sont exhumés. Large pour un groupe qui ne compte que trois albums studio. Le premier CD, hommage à l’âge de la K7, lève le voile sur un groupe de cave qui se cherche. Voix encore en devenir, loin des hits à venir, son dégueu (lé) maison. Et un Nirvana nihiliste apprenant à jouer en direct et déféquant sur les statues en ridiculisant le Heartbreaker de Led Zep.

Mais la progression va crescendo et dès que Jack Endino pointe son museau à la console, on se laisse happer par les talents de songwriter à l’os de Kurt en se demandant pourquoi Sappy ou Aneurysm n’ont jamais fini sur album. Et en parcourant le livret où notes, dessins et extraits des journaux de Kurt pullulent, on comprend, paraphrasant Karen Cheryl pourquoi ce garçon avait “l’émotion de notre génération”. Chaque page y porte la trace de son humour acerbe et de sa désolation – on regrette que ses légions de néo-fans n’aient pas pris ironie en seconde langue.

On passera en revanche sur le DVD, trop amateur. Subir en paléontologue du grunge neuf morceaux “live chez la mère de Krist” en 1988 avec Kurt collé au mur, bof ! Pour le reste, et en dépit du côté fêtons nos morts, With The Lights Out est un bel objet, un objet utile aussi. Car finalement 60€ pour revivre les 90’s, c’est donné.

Guillaume B. Decherf (les inrocks)

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